Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Vices de formes
16 juillet 2006

Eloge des femmes mûres.

Ce week-end prolongé de 14 juillet étant bien trop chaud pour envisager le moindre effort physique j’en ai profité pour entamer la lecture et finalement dévorer d’un trait le roman de Stephen Vizinczey : « Eloge des femmes mûres ». Le plaisir a été total, l’émotion ou détour de nombreuses pages.
Vizinczey a vécu l’occupation Allemande puis la Russe. Son héros aux travers de ces évènements tragiques présents tout au long du récit raconte sa vie amoureuse, sa vie de libertin, la vie tout simplement. Nous y faisons la connaissance de plusieurs de ses maitresses de ses expériences, de son quotidien, de son apprentissage de la vie. J’ai été particulièrement remué par son amour, sa liaison avec Boby, une jolie blonde deuxième violon à l’orchestre symphonique de Budapest. Sans doute parce que j’y ais retrouvé une partie de mes expériences passées, des histoires d’une autre vie maintenant lointaine et enfoui dans les méandres de ma mémoire. Je ne résiste pas au plaisir de vous en faire partager un court extrait : « L’amour donnant un avant-goût de l’éternité, on est tenté de croire que l’amour véritable est éternel. Quand il ne durait pas, ce qui était toujours le cas pour moi, je n’échappais pas à un sentiment de culpabilité devant mon incapacité à éprouver des émotions vraies et durables. Seuls mes doutes l’emportaient sur la honte : quand c’était ma maîtresse qui mettait fin à notre liaison, je me demandais si elle m’avait jamais vraiment aimé. En quoi je ne diffère pas de mes contemporains sceptiques : comme nous ne nous reprochons plus de ne pas obéir à des préceptes éthiques absolus, nous nous flagellons avec les verges de la perspicacité phycologique. S’agissant de l’amour, nous écartons la distinction entre moral et immoral au profit de la distinction entre « véritable » et « superficiel ». Nous comprenons trop bien pour condamner nos actes ; désormais, ce sont nos intentions que nous condamnons. Nous étant libérés d’un certain code de conduite, nous suivons un code d’intentions pour parvenir aux sentiments de honte et d’angoisse que nos aînés éprouvaient par des moyens moins élaborés. Nous avons rejeté leur morale religieuse parce qu’elle opposait l’homme à ses instincts, qu’elle l’écrasait de culpabilité pour des péchés qui étaient en fait des mécanismes naturels. Pourtant nous continuons à expier la création : nous nous considérons comme des ratés, plutôt que d’abjurer notre foi en  une perfection possible. Nous nous accrochons à l’espoir de l’amour éternel en niant sa validité éphémère. »

Publicité
Publicité
Commentaires
Y
Pendant que vous étiez plongé en pleine lecture, je me rendais à un spectacle : " Dream On - Track #1-2-4 " de la Cie La Zampa ( www.lazampa.net).<br /> <br /> Ils partent de ce extrait de Sade :<br /> " La nature nous fait signifier qu'elle ne peut pas nous laisser longtemps ce peu de matière qu'elle nous prête [...] elle en a besoin pour d'autres formes, elle la redemande pour d'autres ouvrages. "<br /> Pour nous livrer un spectacle original, sauvage sur le désir de vivre et l'urgence de s'en saisir.<br /> <br /> Cette urgence et la transformation des corps dans un dénuement scénique rends les performances corporelles et voco-gutturales encore plus marquantes... C'est organique, c'est plastique, c'est engagé, enraciné, mais surtout c'est terriblement beau parce qu'éphémère... (?)<br /> <br /> "Nous nous accrochons à l’espoir de l’amour éternel en niant sa validité éphémère."<br /> <br /> Etre en mouvement.<br /> Précieuses heures... n'est-ce pas?
Vices de formes
Vices de formes

le blog de Thaïs et Jules... ou l'alcôve d'un couple.
Voir le profil de ysemila sur le portail Canalblog

Publicité
Newsletter
Publicité