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Vices de formes
27 janvier 2008

Un hôtel... Une fille...

Difficile de lâcher « Septentrion » (sourire) Un des passages les plus délicieusement charnel du livre est celui de la rencontre d’une fille dans un hôtel. C'est vrai Ysis... Calaferte écrit terriblement bien !

« Nous nous allongeons mollement. Un de mes ongles s’accroche au tissu du peignoir. Elle gobe, me boit les lèvres, bouche grande ouverte. Sa peau un peu moite. Les cuisses pleines, tendues. Muscle animal torsadé par la caresse. Elle me presse contre elle, elle m’enveloppe, me ferme dans des gestes circulaires, des gestes souples, atteints d’une étrange lenteur, d’une étrange indolence, comme si elle avait peine à se mouvoir. Capture des tentacules veloutés. Je m’appesantis sur elle, corps de moleskine, opulent, généreux, qui s’évase pour me faire place, me recevoir et m’absorber. Nous descendons ensemble dans les basses profondeurs des cryptes matelassées du silence. Elle ne se déplace que lentement, écarte lentement ses jambes, sirène échouée, se déplie comme une fleur de serre, enroule sa langue et fléchit son ventre sous ma main avec la langueur d’une anesthésiée. Ses paupières larges sont durement fermées, rabattues comme celles d’une morte. Elle exhale un parfum lourd, un parfum noir, arôme de santal, son corps entier est parfumé, bistre. Je me détache d’elle pour la regarder, femme nue posée sur l’étoffe du peignoir. Elle se laisse contempler, sans mouvement, ses lèvres ne se sont pas refermées. Elle est d’une ampleur charnelle bouleversante, statue païenne de l’offrande, ses seins alourdis s’inclinent de chaque côté de la poitrine, le ventre étable, orbe d’ivoire. Subitement un désir aigu me prend de cette femme. Entrer et me liquéfier au-dedans d’elle. M’y égarer. M’y éteindre. Elle me couvre de ses bras, me calfeutre, large étreinte maternelle. Nous sommes boutés l’un à l’autre. Encochés. Arme dans l’entaille. Je m’enfonce et elle s’enfonce dans mon corps, transfuge de vie, nous nous dissolvons, elle m’accouche et je tenaille ses chairs, parturients, c’est mon sexe qu’elle pousse en moi, c’est par son sexe que je la reçois, nous sommes portés sur la haute vague, les mers battantes nous brisent et nous caressent, grève coralline de l’entonnoir nuptial, elle m’aspire, rampante, elle me tracte de ses mille bouches venimeuses. Comme s’il pouvait en être autrement notre jouissance se déclenche à la même seconde. Pulpe chaude qui coule d’elle sur nos cuisses, s’arrache de moi, me parcourt, m’égratigne et va jaillir, éclabousser loin en elle. Elle a un cri de déchirement, bref, rauque. Nous retombons, essoufflés, ma tête sur son épaule, joints, ligotés. Inertes. »

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le blog de Thaïs et Jules... ou l'alcôve d'un couple.
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