Un samedi soir
Samedi soir, un samedi comme d’autres. Nous avons invité à dîner deux couples d’amis, des amis de longue date. Yuuna fait partie des nôtres et elle est la seule à avoir connaissance de nos activités libertines. ce soir là Yuuna était absolument divine, avec ses cheveux nouvellement frisés, son petit haut blanc et court. Et surtout un époustouflant pantalon taille basse, fait d’un tissus satiné, brillant, cuivré qui la moule et fait ressortir des fesses superbes, aux proportions idéales et que je ne peut m’empêcher d’admirer. Pourquoi d’ailleurs m’en serai-je privé ? L’ensemble était surmonté d’une ceinture à la boucle proéminente, ostentatoire, cuivrée elle aussi, qui finissait parfaitement l’ensemble en donnant à notre Yuuna une allure, un " je ne sais quoi " de sauvagerie et d’érotisme. Sans oublier ses talons qui ne faisaient qu'ajouter une touche de féminité intemporelle et sans compter que la surface satinée du pantalon était, plus qu’un plaisir pour les yeux, un véritable appel au toucher et aux caresses. Ce soir là Yuuna était donc somptueuse, lumineuse.
La soirée se passe, s’éternise agréablement. Nous sommes maintenant entre garçons, discutant de notre intérêt commun pour le vin. Vincent me fait part du bonheur de partager cet intérêt pour Bacchus . Et subitement, alors que rien ne laisse prévoir que la conversation puisse prendre pareille tournure, Vincent se lance dans un raisonnement qui était à peu près celui-ci : "tu vois Jules, ce qu’il y a de bien avec le vin, c’est que c’est quelque chose qui est synonyme de partage. C’est quelque chose qui nous rassemble. Nous en discutons, nous argumentons. Nous ne sommes pas toujours d’accord mais c’est un formidable vecteur d’amitié ". J’acquiesce tout en débouchant une nouvelle bouteille. Et subitement Vincent, tout en lorgnant l’étiquette du flacon entre mes mains nous lâche " d’ailleurs tu vois Jules ! A l’instant présent tu partages ton vin, tu nous offre un morceau de toi de ta vie. Il ne te viendra pas à l’idée de partager ta femme ! mais ta cave, ton vin oui… etc etc… "
Il a fallut que je me retienne de rire, de m’étouffer, et surtout de regarder en direction de Thaïs et de Yuuna. Ca n’est que plus tard, après le départ de nos invités que Thais et Yuuna m’ont dit ne pas avoir fait attention à cette conversation.
Le pire, c’est que j’ai été pris de court, et je n’ai rien répondu à Vincent, naviguant entre l’envie de rire, et le sentiment de me trouver subitement en terrain miné. Et Vincent insiste : "N’est-ce pas Jules que si tu partage ton vin, tu n’est pas disposé à partager ta femme ? " Evidemment Vincent, évidemment ….
Ce qui m’a le plus étonné, ça n’était pas l’affirmation, indirecte, du refus d’un quelconque libertinage, ou de quoi que ce soit dans le genre, mais le ton sur lequel cette idée a été exprimée, telle une évidence, comme quelque chose qui ne peut porter à discussion. Ai-je besoin de préciser que Thaïs ne m’appartient pas ? La question n’est pas de la partager ou pas, mais de lui reconnaître, la liberté, lui offrir la possibilité d’autres plaisirs. Et il est vrai qu’après avoir consommé notre libertinage cette idée m’apparaît aujourd’hui comme extrêmement naturelle. Ce qui ne m’empêche pas d’aimer Thaïs plus encore, depuis qu’elle est devenue ma complice dans ce qu’il faut bien convenir de désigner comme une démarche marginale. Quoi qu’il en soit, je me garderai bien pour ma part, dans le cadre d’une discussion amicale, d’énoncer pareille affirmation : "tu ne partagera point ta femme"… il est des gens chez qui on s’attend à pareilles prises de positions sur la question et même pire. Il en est d’autre chez qui cela ne manque pas de surprendre. Le libertinage est finalement peut être beaucoup moins répandu que ce que je veux bien le fantasmer !